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Page:Leblanc - Le Cercle rouge, paru dans Le Journal, 1916-1917.djvu/148

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maintenant et soyons prêt à tout événement.

Il avait à peine fait un demi-mille qu’une ombre, que la nuit rendait gigantesque, dévala vers lui avec une vitesse foudroyante.

Il n’eut pas le temps de se garer et faillit être renversé par un homme qui semblait véritablement affolé.

— Monsieur Lamar !

— Smithson ! Vous ! Qu’y a-t-il ? Que signifie ?

— Ah ! monsieur Lamar, c’est bien simple, dit l’inspecteur d’une voix étranglée. Figurez-vous qu’en sortant du bar…

— Au fait, au fait ! dit Max Lamar qui s’impatientait.

— Eh bien ! j’y suis… mon bonhomme, qui m’avait reconnu, se mit tout à coup à détaler comme un zèbre. Je pars derrière lui. Je cours bien, vous savez, monsieur Lamar. En cinq minutes, je suis sur son dos. Je l’empoigne au collet au moment où il se dérobait derrière un rocher. Mais le gaillard est solide. Nous roulons tous les deux à terre. C’est la lutte avec alternatives. Au moment où je vais le maîtriser, le bandit passe la main dans mon dos et sort mon revolver de son étui. Il le braque sur moi. Je me relève d’un bond. Il continue à diriger le canon vers ma figure, en me criant : « Au large, et tout de suite, où je fais feu ! »

— Et alors ?

— Et alors, que voulez-vous… Désarmé, je ne pouvais que risquer une mort inutile. J’ai rebroussé chemin, poursuivi à mon tour par ce maudit Smiling, qui m’a presque reconduit jusqu’ici sous la menace de mon propre revolver…

— Jusqu’ici ? Alors, il n’est pas loin, dit Max Lamar. En avant !

Et il ajouta :

— Il a votre revolver, moi, j’ai le mien. Nous sommes de jeu.

Les deux hommes repartirent dans la direction prise par Sam Smiling.

Ce dernier était beaucoup moins éloigné que Max ne le supposait, car, au bout d’une centaine de pas, des coups de feu retentirent.

Lamar entendit une balle siffler à son oreille.

Un second projectile atteignit à la cuisse Smithson, qui tomba.

C’est alors que Lamar déchargea à son tour les six coups de son revolver dans la direction de Sam Smiling, qui venait de se démasquer et qui fuyait vers la falaise avec l’infatigable vitesse que nous lui connaissons.

Max Lamar n’hésita pas. Laissant le pauvre Smithson, qui n’était pas grièvement blessé, mais qui néanmoins ne pouvait bouger, il s’élança à la poursuite du bandit.

— Tu ne trouveras probablement pas de train de marchandises, cette fois, dit-il entre ses dents. Et je finirai bien par t’atteindre !

Et comme une flèche, il s’enfonça dans la nuit.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Pendant ce temps, Florence Travis, revenue vers sa chambre, prenait un déshabillé d’intérieur, s’accoudait à une table, l’air pensif, et rêvait.

Il lui semblait que Max était là tout près d’elle, qu’il savait tout et que, pourtant, il lui disait d’une voix passionnée :

— Je vous aime… quand même !… Rien ne peut nous séparer. Flossie… Je vous aime !…


fin du septième épisode