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Page:Leblanc - Le Chapelet rouge, paru dans Le Grand Écho du Nord, 1937.djvu/53

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— Oui, c’est moi.

— Vous qui avez enjambé cette fenêtre ?

— Oui, c’est moi.

— Vous qui avez jeté dans le massif où vous veniez de sauter la clef du coffre-fort ?

— C’est moi.

— En ce cas…

M. Rousselain fit une légère pause, puis reprit :

« En ce cas, c’est vous qui avez tué Mme d’Orsacq ? »

Cette petite phrase, où se révélait toute l’intelligence subtile de M. Rousselain, provoqua une véritable stupeur. Chose bizarre, depuis une heure que durait l’interrogatoire, pas une fois, il n’avait été fait allusion au meurtre de Mme d’Orsacq. On parlait de malfaiteur et de cambrioleur. On établissait la route suivie par l’individu. Jean d’Orsacq dévoilait l’histoire et dévoilait les causes du vol. Mais pas une fois le lien qui unissait ce vol et ce meurtre d’une manière si évidente que Vanol, et après lui d’Orsacq et les autres, l’avaient entraperçu avant la découverte du crime, pas une fois ce lien n’avait été évoqué. Et cependant, était-il possible qu’aucun des trois acteurs de la scène qui se déroulait devant le magistrat eût oublié la terrible relation qui existait entre les deux faits, entre ce vol et ce crime ?

Christiane repoussa l’effroyable hypothèse de toute son attitude épouvantée et de ses lèvres balbutiantes. D’Orsacq lui-même protesta :

« Non… non… le vol, oui, mais pas cela… »

Pourtant Bernard Debrioux dit assez calmement :

« Monsieur le Juge d’instruction, après la façon dont le drame a eu lieu, je ne doutais pas que, si les circonstances se tournaient contre moi, il me faudrait faire face à cette accusation. Heureusement elle ne peut s’appuyer sur aucun argument plausible, puisque je n’ai pas tué. »

— Je ne vous accuse pas d’avoir tué,