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Page:Leblanc - Les Lèvres jointes, paru dans Le Journal et La Lanterne, 1897-1901.djvu/166

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— Voici ce que je ferais pour avoir sa bouche, me dit-il.

Je le fis et la bouche adorable se donna. Et, une autre fois, les bras se dénouèrent, et une autre fois la gorge s’offrit, et une autre fois mes lèvres connurent le goût de ses seins.

— L’heure est proche, s’écria-t-il.

Il le criait avec une joie qui doublait la mienne, une joie de créateur dont l’œuvre s’accomplit, une joie d’ami surtout, qui est content du bonheur de son ami.

Adrienne venait à moi, de plus en plus, petite créature domptée, soumise, aux mains jointes et aux yeux suppliants.

— Va, me dit-il, tu peux prendre celle que tu aimes.

Oh ! le soir, après, je jure sur ce qu’il y a de plus sacré, je jure que je n’ai pas ri quand je me suis jeté dans les bras de Gaston. Je n’ai pas été faux dans ma reconnaissance. Je n’ai pas menti en le remerciant.