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Page:Leblanc - Les Lèvres jointes, paru dans Le Journal et La Lanterne, 1897-1901.djvu/95

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travers mes poings fermés, le geste de ses mains qui dégrafaient son corsage et la blancheur de ses épaules et le jaillissement de sa poitrine lourde. Je fus épouvanté comme au contact de quelque grande bête prête à m’anéantir.

Elle me prit. Elle fit de moi ce qu’elle voulut.

Et je suis la chose d’un autre être. Qu’y a-t-il de différent entre Odette et elle ? Je ne sais. Peut-être rien. Cependant Odette était en face de moi comme une feuille devant la tempête, et je suis en face de sa mère comme une feuille devant la tempête.

Et mon corps ne m’appartient plus, ni mon cerveau, ni ma vie. Quelqu’un joue avec tout cela, comme l’Océan avec un brin de paille. Et ce quelqu’un, il me semble que c’est toujours Odette, mais une Odette qui s’est agrandie tout à coup, augmentée de forces inconnues, tandis que, moi, je diminuais jusqu’à n’être plus qu’un pauvre insecte… Et je n’y comprends rien…