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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/110

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LECONTE DE LISLE

aux familles de Dinan, aux soirées, aux jeunes anglaises, mais le souvenir d’un oncle intraitable l’en repousse. Il ne se plaît plus dans la compagnie de Mlle Eugénie qui s’est injurieusement enlaidie.

Et tous ses camarades ont quitté Rennes, nantis de « situations » : Théodore Drouin est parti pour Dieppe où il a été nommé surnuméraire de l’Enregistrement ; Houein est maître d’étude au collège de Lorient. Lui n’est même pas bachelier en droit : il a sacrifié son titre de magistrat à sa gloire de poète. Et, à part une poésie parue dans l’Annuaire de Dinan de 1838, quelques poèmes dont Montagnes Natales, dans l’Impartial de Dinan, une bluette : À une galère recueillie dans le Foyer, il n’a encore rien publié qui pût lui attirer la moindre renommée.


Allez donc, frêles chants de nos âmes pensives,
                Qui nous êtes si doux ;
Allez mourir plus loin, ô notes fugitives,
                 Feuilles, envolez-vous !


C’était la pièce liminaire de le Cœur et l’âme : l’éditeur de M. de Lamartine, à Paris, n’en avait pas voulu ; et tout le « précieux manuscrit » de leur adolescence n’était pas sorti du tiroir. Rouffet, lui, s’en était consolé en se mariant. Déjà blasé de la femme, Charles Leconte allait-il être aussi un blasé de la gloire ?