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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/114

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LECONTE DE LISLE

diants qui reprennent avec des développements et des images personnels des thèmes de professeurs. Si indépendant que soit Leconte de Lisle, studieux, il a le sens de la hiérarchie, du discipulat. On est soucieux d’instruire le public avec méthode, avec clarté ; le goût de la critique s’est développé. Rossignols d’Europe ou Bengali oriental, on aurait pu être jaloux de ne publier que des poésies, on compose des essais critiques, très travaillés. Et Leconte de Lisle, particulièrement, fervent d’idées générales et de tempérament combatif, choisit dans la critique un pur moyen mental d’agir.

*

Par ses Trois Harmonies en une nous savons ses idées essentielles sur l’art. Suivant le principe intégral de Fourier[1], les théories unitaires des Sept cordes de la lyre de Sand, il établit entre les arts prétendus différents des rapports et des analogies, il les assimile l’un à l’autre et les fait dépendre d’une Harmonie universelle.


Car tu fis de tendresse et de mélancolie
L’être mélodieux, l’oiseau de l’Italie
Qui prit nom Rossini pour charmer son bleu ciel.
Ton parfum fit Pétrarque et Tasse de Sorrente,
Et ravissant là-haut sa flamme plus ardente,

  1. À Rennes, L. de Lisle a déjà lu Fourier. Il signale sous un pseudonyme dans la Variété : « Un ouvrage sérieux, la Réalisation d’une commune sociétaire d’après le système de Charles Fourier, » qui « se distingue de la foule de romans nouveaux ». Il parle des Sept Cordes à diverses époques de sa vie comme d’une œuvre qui lui a été très substantielle.