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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/131

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LES DÉBUTS DANS LA LITTÉRATURE

duisait par la déception au désespoir et à la mort.


Le contact social ne saurait en rien nuire à l’art ; les passions politiques, au contraire, peuvent trouver dans l’art leur plus esthétique et efficace expression :


Si Sheridan, cet orateur étincelant et sarcastique, politique profond, émule de Fox, rival heureux de Pitt, avait porté sur le théâtre le prestige de ses œuvres parlementaires ; s’il avait dramatisé les idées réformatrices qu’il exaltait de sa nerveuse éloquence, l’Angleterre eût compté une seconde toute-puissance intellectuelle dans les pages de son histoire théâtrale. Mais l’improvisateur politique était un écrivain indolent, qui prodiguait avec trop de facilité les éclairs de son esprit pour qu’il se souvînt de son génie.


C’est en voulant être strictement de son temps qu’on échappe le mieux à l’imitation des maîtres. Il fut un moment où l’influence de Victor Hugo immobilisa la jeune génération :


N’en est-il pas ainsi aujourd’hui ! M. V. Hugo n’a-t-il pas été nombre de fois sommé de répondre des étranges manies de ses trop fervents admirateurs ?… Cependant cette tendance irrésistible à l’Imitation des grands maîtres, qui, de tout temps, a égaré sur de fausses routes littéraires les têtes faibles et ardentes, commence depuis ces dernières années à perdre de sa force. Une pensée plus heureuse dirige les jeunes écrivains vers un but plus certain ; ils se confient avec plus de foi à leurs tendances particulières, et si la touche énergique ou harmonieuse des maîtres apparaît encore et parfois dans leur style, affaiblie par sa propre exagération, du moins on