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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/188

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tant entre le culte de Pulchra, la Muse de l’antique beauté profane et celui de Casta, la Muse plus récente, plus pudique et plus humaine du Christianisme pur. De même que dans Hélène le poète ne sacrifiait point la générosité des préoccupations modernes au culte d’un idéal aboli, de même dans l’Églogue harmonienne il ne veut point rejeter Casta pour Pulchra, mais s’applique, en fervent éclectiste, à concilier dans un même amour le culte des deux Muses :


Ô beauté, que le sage et l’artiste ont aimée,
Rayons des jours anciens, qui dorez l’avenir !
Et toi, sainte pudeur, lampe parfumée
          Que rien ne peut jamais ternir !

Divin charme des yeux ! — ô chasteté bénie !
Double rayonnement d’un immuable feu !
Sur ce monde échappé de sa main infinie
Vous êtes la lumière et lempreinte de Dieu !


Et cette conciliation entre les deux muses si différentes ne devait-elle point se poursuivre au cours de la Trilogie, où autant que des dieux, des mœurs, des décors de la Grèce, Leconte de Lisle se préoccupa du Christ, des mœurs et des décors chrétiens[1]?

Ainsi tous les poèmes publiés de 1845 à 1848 sont d’inspiration tenacement optimiste. Courts ou longs, empruntés aux mythes antiques ou motivés de thèmes modernes, ils vibrent de la même énergie courageuse. Ainsi encore il va du Voile d’Isis,

  1. Cette même année 1846, la Revue Indépendante, de George Sand, publie ses Ascètes, qu’on retrouve dans les Poèmes Barbares.