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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/192

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Et, sous le ciel serein de l’aube printanière,
Les sommets vaporeux par le matin dorés.

De la terre et du ciel les pures harmonies
Rendaient au cœur l’espoir, la paix, l’oubli du mal.
L’esprit s’abandonnant aux douces rêveries,
Dans la réalité contemplait l’idéal[1].

Oh ! pourquoi du bonheur l’éternelle espérance ?
Pourquoi de la beauté le charme souriant,
Pourquoi tous les désirs qu’enfante la souffrance,
Si nous devions toujours espérer vainement ?

Aurores du printemps, beaux rêves, pure ivresse.
Si vos enchantements endorment la douleur,
Si vous séchez les pleurs que répand la jeunesse,
Si vous nous transportez dans un monde meilleur.

C’est que le temps approche où la Terre plus belle
Donnera plus de fleurs à des printemps moins courts
Où le divin amour, fils de la foi nouvelle,
De l’Éden oublié nous rendra les beaux jours.

Croyons en ces désirs que l’humaine sagesse
Voudrait en vain combattre et bannir loin de nous ;
La volonté suprême en eux parle sans cesse.
Le Dieu qui les créa les exaucera tous.

Ne doutons pas de lui, sa bonté protectrice
Destine à nos plaisirs tous les biens d’ici bas,
Les fleurs croissent pour nous sur la terre propice
Et l’espoir du bonheur ne nous égare pas.

Des siècles de l’erreur déjà la nuit s’achève,
Aux clartés du matin le ciel sourit encore,
Et les premiers rayons de l’aube qui se lève
clairent devant nous un nouvel âge d’or.


De l’année 1847 avec Hypathie, Glaucé, la Fontaine aux lianes, que pour bien comprendre il ne

  1. Cf. l’Aurore de 1867 : « Nature, ciel, flots, monts, bois.
    Formes de l’idéal magnifiques aux yeux… »