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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/266

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Son anticatholicisme, qui se rattache étroitement à son pessimisme, ne fut guère mieux compris. M. Faguet continue probablement à n’y voir que « couleur, relief et rythme » pittoresques[1]. À la vérité, son pessimisme vient aussi en grande partie de son horreur de la brutalité et de la férocité des « hordes catholiques ». (Le Chapelet des Mavromihhalis, etc.) S’il a parfois clamé « l’horreur d’être un homme », c’est parce qu’il se souvenait des œuvres de l’homme qui aujourd’hui encore pèsent le plus sur la masse :


Tandis que de leurs yeux sinistres et jaloux
Ils (les moines) le mangeaient déjà comme eussent fait des loups
Et la honte d’être homme aussi lui poignait l’âme

(L’Holocauste.)


Il faut bien d’ailleurs se garder de confusion : son anticatholicisme n’est nullement haine du Christ. Personne au contraire n’eut dévotion plus attendrie de Jésus et plus large gratitude. Relisez la strophe de Dies Iræ :

  1. Parmi les jugements des écrivains catholiques, il n’en est point qui mérite davantage d’être rapporté que celui de Barbey d’Aurevilly sur le Ier volume de « M, Leconte de Lisle » : « La pièce (Midi) superbe comme description, finissait par des bêtises panthéistiques… — M. Leconte de Lisle appartient aux sceptiques du XIXe siècle. C’est un chrétien qui croit que le Christianisme, comme le Polythéisme, est une religion flambée. Il a écrit une pièce qu’il intitule assez irrévérencieusement le Nazaréen, dans laquelle on lit des vers comme ceux-ci (et il souligne les mots italiques) :


    … Ton Église et ta gloire
    Peuvent, ô Rédempteur, sombrer aux flots mouvants ;
    L’homme peut sans frémir rejeter ta mémoire.
    Comme ou livre une cendre inerte aux quatre vents ;
    Car tu sièges auprès de TES ÉGAUX ANTIQUES (sic)
    Sous tes longs cheveux roux, dans ton ciel chaste et bleu.