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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/270

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Haillonneux et geignant et se tordant les mains.
Et faisant rebrousser les loups, rien qu’à la mine !
L’été durant, tout mal est moindre, quoique amer ;
On se pouvait encor nourrir malgré le Diable ;
Mais où la chose en soi devenait effroyable.
Sainte Vierge ! c’était par les froids de l’hiver.
De vrais spectres, s’il est un nom dont on les nomme,
Par milliers, sur la neige, étiques, aux abois,
Râlaient. On entendait se mêler dans les bois
Les cris rauques des chiens aux hurlements de l’homme,…

[etc.

(Un Acte de Charité.)


Et ce n’est pas seulement le Moyen-âge qu’emprisonna, qu’envoûta le catholicisme, c’est toute l’humanité depuis le premier siècle. Il fut impitoyable pour les autres religions, qui, elles aussi, étaient chacune une des mille figures du Dieu infini, qui avaient leurs poésies fières et douces, leur précieuse originalité, leur noblesse, leur idéalisme : — paganisme Scandinave (le Runoia), paganisme hellénique (Cyrille et Hypatie).

Dans ce Cyrille et Hypatie, un de ses plus considérables poèmes, se voit le mieux combien son anticatholicisme n’avait rien de brutal ni de grandiloquent, ne se réduisait pas seulement comme celui de Hugo à des sermons laïcs contre la simonie ni n’était uniquement dû à une sorte de fauve, rouge ou même noir anarchisme, mais à son culte de la beauté autant qu’à son amour des humbles. Et cela encore fait ressortir la parenté de son pessimisme et de son anticatholicisme : il reprochait au catholicisme d’être une religion de laideur, de deuil et de mort, d’être contre la beauté, contre la nature et contre la vie, alors que lui avait un tel culte de