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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/309

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gascar, dans l’Inde et en ces mêmes Mascareignes où devait naître Leconte de Lisle, Bernardin de Saint-Pierre plaçait en Grèce ses rêves d’une vie frugale, fraternitaire et pure. Les premières scènes de Paul et Virginie se trouvaient déjà dans l’Arcadie : en ce poème qui devait être une sorte de Bible de l’Humanité, il voulait opposer au « tableau d’une grande nation oubliant les lois de la nature après avoir brisé toutes les lois humaines, et périssant au milieu des richesses, des arts, des sciences et de la volupté », la « peinture d’un peuple libre sous un gouvernement paternel, patriarcal ». Toute la légende grecque devait s’y interpréter d’une façon aryenne et rousseauiste, dans une composition majestueuse et douce à la Poussin[1]. Il devait faire de l’Arcadie la fresque harmonieuse de ses strophes les plus riantes de vie rustique, sobre et partageuse ; ce qu’il en a laissé dessine des rondes, des guirlandes, des danses, des groupes à la Fourier et à la Cabet, d’une même humanité en famille où les enfants abondent aux fleurs des pelouses, où les vieillards conservent la force et la beauté, où l’homme vit heureux à suivre dans une nature complaisante ses instincts naturels, où on ne connaît ni les vices autoritaires, ni l’esclavage, et où, sous des arbres, les couples « goûtent près de la foule les douceurs de la solitude », où le « bonheur indi-

    cette lecture et l’idée de l’Arcadie. — Bernardin avait écrit une Mort de Socrate.

  1. En peinture. Poussin, Prudhon qui illustre Daphnis et Chloé tout en suivant les clubs de Robespierre, David, Puvis de Chavannes.