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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/344

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démie française dans le fauteuil d’Hugo. Mais il n’y avait pas moins de vingt ans alors, ou davantage, qu’il était le maître incontesté de toute une jeune école… Jusqu’aux environs de 1860, il serait difficile de nommer un poète qui ne procédât à quelques égards de l’auteur des Poèmes antiques et des Poèmes barbares. La dignité de sa vie, la sûreté de son commerce, la sévérité de sa discipline retenaient auprès de lui ceux que l’éclat de son talent avait d’abord attirés. M. Stéphane Mallarmé lui-même et M. Paul Verlaine ont commencé par suivre docilement ses traces[1]. » — « Vers 1866, dit précisément l’un des disciples dont parle M. Brunetière, mes camarades et moi nous allions tous les samedis soir chez Leconte de Lisle comme les Croyants vont à La Mecque[2]. » MM. de Heredia, Léon Dierx, Sully-Prudhomme, Lafenestre, Theuriet, Plessis, Villiers de l’Isle-Adam, Jean Marras, Paul Arène, Albert Mérat, Ernest d’Hervilly, Anatole France, Léon Valade et Xavier de Ricard étaient les familiers du salon de Leconte de Lisle à qui ils venaient demander avec des conseils prosodiques le réconfort d’un austère et noble exemple. Le poète, si difficile pour lui-même, était l’esprit le plus ouvert à la pensée des autres, le plus familier et le plus gai des amis en même temps que le plus sûr et le plus grandiose des maîtres. « On ne peut point s’imaginer ce qu’il y avait en lui de joie ingénue, de condescendance aux exagérations de

  1. Brunetière.
  2. Coppée : Journal du 26 juillet 1894.