CHAPITRE XII
1870-1871
La guerre de 1870-71, le désastre de la patrie, fait puissamment vibrer Leconte de Lisle, dresse plus violemment en le poète l’homme social. Celui à qui on avait tant reproché de s’être fait une âme hindoue, une âme grecque, de s’être composé, à force d’abdiquer de parti-pris la vie contemporaine, un génie cosmopolite[1], éprouva fortement l’angoisse patriotique. À l’égal de celui qui avait pris part à nos discordes et à nos luttes, qu’un exil politique avait érigé en poète national et qui s’isolait lui-même dans la gloire de cette stature, il chanta mâlement la France accablée sous l’invasion barbare. L’émotion ne s’enfla point pour se dérouler superbement en l’ampleur de tout un volume, mais se contint en la force concise d’un poème de vingt-six strophes. Hugo, avec la fougue d’un bel
- ↑ Barbey d’Aurevilly.