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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/348

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Est-ce toi qui gémis ainsi dans les ténèbres
Et la face sur les genoux ?


Les Teutons ont franchi le Rhin et menacent une fois encore la civilisation… Les races du Midi ont tressailli au bruit des pas de ces bandes féroces, sorties des forêts du Nord… Ils couvrent nos plaines fertiles, ces hommes aux pieds plats, aux mains de singes… Oh ! vous, la grande race de la Méditerranée, debout pour le dernier combat, debout pour exterminer les hordes bestiales de la nuit, les tribus zélandaises qui viennent s’accroupir et digérer sur les ruines de l’humanité !


Vois ! la horde au poil fauve assiège tes murailles !
           Vil troupeau de sang altéré.
De la sainte patrie ils mangent les entrailles.
          Ils bavent sur le sol sacré !
Tous les loups d’Outre-Rhin ont mêlé leurs espèces ;
           Vandale, Germain et Teuton
Ils sont tous là, hurlant de leurs gueules épaisses,
           Sous la lanière et le bâton.
Ô Paris, qu’attends-tu ? la famine ou la honte ?
           Furieuse et cheveux épars,
Sous l’aiguillon du sang qui dans ton cœur remonte,
           Va ! bondis hors de tes remparts !


L’inaction de Paris les terrifie également ; la même horreur de la capitulation les indigne :

Que le canon d’alarme proclame le danger de la patrie ! Qu’on sache que c’est l’agonie qui commence si ce n’est pas la résurrection… Feu ! telle doit être la réponse de la France entière !


Non ! non ! tu ne dois pas tomber, Ville sacrée,
           Comme une victime à l’autel ;
Non, non, non. Tu ne peux finir désespérée,
           Que par un combat immortel !


En la « terrible » année se réveillent les énergies