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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/352

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ou victoire, « les Prussiens subiront nécessairement de telles pertes qu’un retour offensif sur Paris est devenu au moins improbable ». Puis Paris est aujourd’hui armé « d’une façon formidable ». Enfin — et ceci est un motif presque décisif de succès, l’unanimité s’est faite dans la population.

… Cent mille républicains sont prêts à prendre une part énergique à la défense de la ville, ce qui n’était pas il y a trois jours. Un élan général a succédé à la torpeur des uns et aux rancunes des autres. Si les haines politiques ne se sont pas éteintes, elles font place à la rage contre l’invasion. J’ai vu hier un des chefs de l’Internationale et il m’a déclaré qu’ils avaient tous fait serment de ne plus songer qu’à l’entière expulsion de l’étranger, La confiance témoignée d’heure en heure plus complètement aux Parisiens par Trochu et Palikao a déjà calmé bien des haines. Songez qu’à mon arrivée ici les premiers hommes d’action que j’ai rencontrés m’affirmaient qu’ils préféraient la ruine du pajsàla conservation de l’Empire. Dans l’horrible situation où nous nous trouvions, il avait là de quoi désespérer, avouez-le. Aujourd’hui, les efforts et les raisonnements des chefs ont heureusement amené de meilleures résolutions, d’autant plus que l’Empire n’en est pas moins condamné. Tout peut donc être sauvé, et même on est en droit d’affirmer que tout est sauvé virtuellement, et cela dans le cas extrême d’une défaite des deux maréchaux. L’ennemi est très certainement épuisé. Les dévastations sauvages qu’il a commises dans nos malheureux départements de l’Est l’ont réduit à une pénurie effroyable. Ce serait de sa part un coup de désespoir que de revenir sur Paris. Toute la vallée de la Seine ne lui fournirait plus deux jours de vivres, et, en supposant qu’il revînt à nous, les forts et les fortifications, armés comme ils le sont, n’en feraient qu’une