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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/360

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à Paris est injuste, injurieuse, et seule provoque les troubles qui agitent la capitale.


19 mars. — S’il faut en croire les singulières nouvelles qui nous arrivent des départements, il paraît que nous sommes ici en pleine guerre civile. L’appréhension de troubles possibles résultant d’un traité de paix honteux a tranformé en fait accompli ce qui aurait pu se produire. Paris est resté très calme, pendant et depuis l’occupation piteuse des Champs-Elysées par les Allemands. Tout dépend aujourd’hui de l’Assemblée nationale. Son retour pur et simple ici vaudrait infiniment mieux que toutes ces tergiversations qui irritent l’impatience publique et qui témoignent de la peur passablement ridicule dont les représentants provinciaux sont possédés. Ils ne devraient pas oublier que les Parisiens ont énergiquement fait leur devoir en soutenant un siège de cinq mois, décimés par trois ou quatre épidémies à la fois qui nous ont coûté près de 5.000 morts par semaine. Le reste de la France, il faut bien l’avouer, n’a pas montré ni la même énergie, ni la même constance. Si le pays s’était levé tout entier, comme il le devait, nous ne serions pas contraints d’accepter une paix déshonorante qui le mutile, le ruine et l’avilit. La province, qui n’a jamais eu aucune initiative intellectuelle ou politique, qui n’est et ne peut être, jusqu’à nouvel ordre, qu’un reflet et un écho, serait très mal venue de s’imaginer que Paris dtit s’anéantir devant elle. Le cas échéant, la France ne tarderait pas à s’endormir dans l’inertie et l’abêtissement. Pour être juste, je sais que Paris renferme malheureusement, comme tous les grands centres d’ailleurs, un assez grand nombre aussi d’imbéciles et de désœuvrés dont l’unique métier est de faire des émeutes sans savoir pourquoi ; mais c’est un danger peu sérieux et toujours facile à réprimer tant qu’il est concentré dans