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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/376

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devient Dieu, comme dirait Renan, comme il le dit lui-même en substance dans les lignes immédiatement suivantes où il définit l’homme perfectible : « C’est l’humanité entière commencement et fin de toute justice et de toute intelligence. »

Et précisément de cette croyance à la perfectibilité se déduit, puis s’étaie son républicanisme : « Nul ne pourra se dire et ne sera sincèrement républicain s’il n’est pas convaincu que le principe de la justice est inhérent à sa conscience, et s’il peut croire un seul instant qu’une raison étrangère et supérieure à la raison humaine puisse modifier arbitrairement les lois immuables de la morale. »

Disciple de Rousseau, il sait concilier les deux éléments qu’on a toujours regardés comme inconciliables en Rousseau ainsi qu’en le parti révolutionnaire contemporain, le socialisme et l’individualisme, qu’on confond trop souvent avec l’anarchisme parce que le sentiment de l’individu a été déformé, à force d’exagération, par quelques disciples de Rousseau, les romantiques, notamment Hugo, ou encore par un Nietzsche. « Le but de l’individu, dit-il en effet, est de vivre et de se conserver par la satisfaction de ses besoins et par le développement de ses facultés physiques, intellectuelles et morales. » Mais pour qu’il conserve intacte son individualité, il faut qu’il respecte les autres individualités ; toute atteinte portée à une autre individualité est une atteinte portée à une partie de soi-même, car « l’oppression d’un seul opprimant le corps social tout entier » elle détruit « l’harmonie » de ce corps social, ce dont il serait