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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/398

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lantes illusions de 1848, de modestes espérances prenaient corps; la majorité de l’Assemblée constituante était royaliste, mais le parti démocratique sans cesse croissait en puissance ; la nation avait commencé d’acclamer Victor Hugo libéral ; il fallait rénover les anciennes institutions. Et de se présenter aux suffrages d’une assemblée, cela impliquait-il qu’on renonçât à la juger en toute indépendance ? Nul n’a mis en doute la noblesse du caractère d’Alfred de Vigny.

En 1877, à la mort d’Autran, il échoua à nouveau contre le vaudevilliste Victorien Sardou et le duc d’Audiffret-Pasquier, représentants divers de cette même civilisation morbide dont il avait si éloquemment médit. Désigné par Victor Hugo, il fut élu le 11 février 1886, ayant d’ailleurs toujours refusé de faire les visites[1], et reçu le 31 mars 1887. Son discours de réception ne fut point le manifeste poétique et l’oraison funèbre du romantisme qu’attendait assez naïvement Alexandre Dumas, chargé de lui répondre ; mais, au sein de l’Assemblée réactionnaire où s’étaient retraités solidement après leur chute du pouvoir, comme en un apanage, les fidèles du parti royaliste et clérical, quelques-unes — et vraiment nombreuses — des phrases les plus retentissantes de ce discours magnifique durent, heureusement espacées aux diverses parties, proclamées par ce verbe sonore et majestueux qui portait avec éclat une chaude élo-

  1. Selon Mme Dornis.