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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/426

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bon, il a tout particulièrement été étonné par la magnificence naturelle du pays, il s’est appliqué à la connaître, il a multiplié voyages et excursions. Il dut alors faire le tour de l’île, aussi méritoire, semble-t-il, pour le créole qu’un tour de France ; Cependant il apparaît qu’il ait particulièrement exploré la région dite « Sous le vent », où est situé Saint-Paul. C’est du moins celle-là seule qu’on retrouve dans toute son œuvre : Leconte de Lisle n’a pas connu la partie « Du vent » de l’île, celle où naquirent Lacaussade et Léon Dierx et dont le caractère est assez différent de celui de sa région natale : grande humidité, abondance de ravines profondes, région moins ensoleillée, plus mélancolique, plus rustique que le reste de l’île. Leconte de Lisle n’est le peintre que d’une moitié de l’île. Ce séjour, consacré à la lecture et à des promenades contemplatives, détermina en lui si violemment le poète qu’il en fut lui-même frappé au point d’accuser son étonnement : « Ces deux années qui nous ont séparés, écrit-il à un ami, ont été favorables au développement de ma poésie ; ma forme est plus nette, plus sévèie et plus riche que tu ne l’as connue ; j’ai presque un semblant de valeur ; à Rennes, je n’avais guère que des dispositions, comme on dit. »

C’est de ce séjour à Bourbon que datent en effet tous les poèmes qui parurent de 1846 à 1848 et qui le désignèrent à l’admiration de Louis Ménard et de ses amis. C’est aussi pendant ce séjour dans l’île qu’il dut étudier les Grecs et les Hindous : jusqu’en 1842 ses écrits de Dinan ne s’inspirent