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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/428

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buvait du café d’heure en heure. Du reste, il en savait assez sur toutes choses poijr apprécier convenablement l’arôme de son tabac et celui de sa liqueur favorite. C’était, à tout prendre, un brave homme, un peu féroce, mais pas trop, La maison qu’ils habitaient sur leur habitation de Bernica était entourée de deux galeries superposées et fermées de persiennes en rotin peint. Il s’y trouvait quelques chambres à coucher, faites exprès pour les grandes chaleurs de janvier.


Il tient à faire connaître au public européen, qui, lecteur des Nuits anglaises de Méry, connaît peut-être mieux la vie des colonies anglaises que des françaises, la beauté grandiose de l’île Bourbon, le charme aîangui et sauvage de l’existence des colons. En somme, plaisir de décrire son pays, d’en fixer un peu la vaste beauté, délices surtout de tenter de le reconstituer tel qu’il était en ces débuts de la colonisation où sa nature inviolée était plus sauvage encore, ce sont les émotions qui animent de lyrisme ces nouvelles dramatiques et colorées. L’orgueil d’être un homme de nature vierge éclate dans une pièce parue à cette époque et non rééditée, lui donne un élan d’arrogance noble, de vigueur farouche, de puissance impérieuse. Tel qu’un jeune dieu tombé de l’Olympe, il s’y écriait :


Je suis l’homme du calme et des visions chastes,
          L’air du ciel gonfle mes poumoas.
Dans un repli des mers éclatantes et vastes
           Dieu m’a fait naître au flanc des monts.


Jamais plus il ne dira avec autant de conscience la fierté d’être né sur une terre vierge. La jeunesse alors enhardit son orgueil, il n’y a plus de place