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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/437

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Quel plus héroïque spectacle peut élire une altière vieillesse qui s’éteint que ce Piton natal ?


Drapé de neige rose, il attend le Soleil.


Dans les prunelles affaiblies du poète se perpétuèrent nettes, jeunes, colorées, les images où s’était plu l’attention de son enfance heureuse. Ce « souvenir », qu’en 1839 il promettait de garder à Bourbon, ne périt qu’avec sa vie même. Il n’y était plus retourné depuis 1848, il ne lui en venait aucune sympathie, il n’y conservait aucune affection : seul le passé y vivait. Le passé y devenait réalité, y ressuscitait d’autant plus aisément que celui qui s’en souvenait était exilé de la terre où il avait vécu. C’était le passé animé et aussi la beauté dont il nourrit l’éternelle passion, qu’il avait laborieusement transposée dans l’art et qui là-bas existait, palpitante au sein des mers. L’amour que Leconte de Lisle voue à Bourbon, on peut dire qu’il fut l’amour même de la vie de Nature et celui de la Beauté.