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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/456

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tandis que[1], comme des lianes servant à lier toutes les parties du paysage, des : se mêler, s’unir à[2] utiles à bien traduire le panthéisme universel. Mais au milieu de cette confusion harmonieuse des choses, il n’en sait pas moins distinguer l’originalité d’un détail qui s’affranchit et s’éclaire soudain. De la sorte, le paysage est à la fois de plénitude, de densité, et de légèreté, de trépidation doucement lumineuse. Le poète procède souvent aussi, autant que par couches de couleurs, par gammes des sons : par l’association des sensations, il représente des paysages rien qu’en exploitant la consonnance des mots indigènes tels que : mangue, maïs, letchis, tamarins. Les paysages deviennent alors des méditations musicales, des paysages de musique. Et cette musique, qui se déroule avec ampleur et une plénitude charmante, est la symphonie d’océans nouveaux, de forêts vierges, de terres édéniques.

On ne peut comparer l’importance qu’occupe Bourbon dans l’œuvre de Leconte de Lisle à celle que prennent dans leurs œuvres les villes natales de Hugo et de Lamartine. Ceux-ci avec orgueil les chantent parce qu’ils y découvrent le décor grandiose ou tendre de leur nativité. Leconte de Lisle célèbre Bourbon pour sa beauté spéciale et surtout pour la part qu’elle prit à la formation de son âme d’adolescent et de son esprit d’homme mûr. Chez les autres, c’est l’enthousiasme imaginatif ou la tendresse féminine d’un enfant qui se souvient ;

  1. Ravine Saint-Gilles — Yeux d’or de la nuit — Ultra cœlos — Illusion perdue.
  2. Si l’aurore — Ravine Saint-Gilles.