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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/61

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LE VOYAGE

30 pieds sur 8 pieds. Le mâle n’a que deux ans, il est déjà magnifique, ses bonds sont effrayants et sublimes ; quand il rugit, les murs de sa prison en tremblent. La femelle est plus petite et fauve comme lui.

M. Villet possède aussi deux autruches noires et blanches, leur marche est un balancement élastique et continuel, leurs jambes sont entièrement nues, elles balancent aussi leurs ailes entr’ouvertes et leur plus q-rande hauteur est de 8 pieds du sommet de la tête à la terre. Nous y voyons aussi quelques babouins très communs sur la Table[1].

Le fond de la population du Cap est hollandaise. L’Angleterre ne le possède que depuis 1803, par le traité d’Amiens ratifié par le Premier Consul Bonaparte… Il y a un grand nombre de Hottentots au Cap. Ce sont des charretiers, des cochers, etc. Ils portent des chapeaux chinois faits avec des plantes de l’intérieur, telle est aussi la coiffure des esclaves qui seront libres dans deux ans, d’après les lois anglaises.

Ces dames africaines (c’est le nom que l’on donne aux créoles du Cap) sont assez jolies, mais très mal faites ; les hommes tiennent des Hollandais pour la corpulence du corps. Très peu de personnes savent parler français, ce qui est fort désagréable, et me démontre invinciblement l’utilité des langues vivantes…

*

Il est piquant de retrouver esquissé en cette prose inhabile et surtout inégale un paysage que Leconte de Lisle repeindra plus tard avec la puissance du génie mûri. Ce Cap, dont aujourd’hui le touriste pense à prendre le croquis dans une rapide rela-

  1. La montagne de la Table.