Aller au contenu

Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
77
L’ADOLESCENCE EN BRETAGNE

« viennent voir fleurir un arbuste étranger », avec des « expressions admirables de virginité parfaite, de suavité étrange[1] » cependant que, arrêté devant un massif et la main sur le cœur, quelque jeune poète, comme il en naît dans « cette ville d’élégie[2] », s’incline et respire une fleur d’oranger. On entend croasser dans le ciel métallique des corbeaux qui reviennent des « plaines de blé noir » où des clochers bas pèsent sur les villages, où des croix de pierre rongée barrent les taillis sombres ; et, lentement, sur la grande ville d’ardoise, s’éteint le blond soleil d’Amor.

En novembre il est reçu bachelier. « MM. les examinateurs se sont montrés extraordinairement bienveillants à mon égard[3], ce dont je les remercie fort. » Comme on lui demanda par qui il avait été préparé : « Par mon père, répondit-il : vous pouvez m’interroger. » Et dans l’encouragement de la réussite : « Je ferai mon droit à Rennes, » annonce-t-il.

Il échappe donc à la contrainte de ses parents de Dinan : Rennes est une grande ville et M. Louis Leconte n’y exerce point « d’influence ». Il a sa chambre dans une pension de famille tenue par les dames Liger. Il rencontre dans la maison une jeune fille, Mlle Eugénie***, qui aime beaucoup la poésie, fait des albums des vers préférés, adore

  1. Taine.
  2. Souvestre.
  3. En grec (Homère) médiocre ; latin (Cicéron) A, -B. ; Rhétorique : A.-B. Histoire et Géograpliie A.-B. Philosophie : passable. Mathématiques : faible. Physique : très faible. Français : suffisant.