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Page:Leconte de Lisle - Œuvres, Poèmes tragiques.djvu/188

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POÈMES TRAGIQUES.

à droite et à gauche. — Talthybios et Eurybatès font quelques pas en avant, l’un vers l’autre.

______



I

TALTHYBIOS, EURYBATÈS,
Le Chœur des Vieillards.


TALTHYBIOS.

Ô chers vieillards, depuis dix très longues années,
Ils sont partis, les Rois des nefs éperonnées,
Entraînant sur la mer tempétueuse, hélas !
Les hommes chevelus de l’héroïque Hellas,
Qui, tels qu’un vol d’oiseaux carnassiers dans l’aurore,
De cent mille avirons battaient le flot sonore.
Et nul n’est revenu, des guerriers ou des chefs !


EURYBATÈS.

Tant de braves, ô Dieux d’Hellas ! et tant de nefs !


TALTHYBIOS.

Que de bouches mordant la terre où le sang fume,
Que d’étalons mâchant une suprême écume,
Que de lances rompant l’orbe des boucliers,
Que de chars fracassés vides de cavaliers,
Et d’âpres hurlements mêlés au choc des armes !