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Page:Leconte de Lisle - Œuvres, Poèmes tragiques.djvu/203

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LES ÉRINNYES.

KASANDRA.

Arrête ! En vérité, c’est un égorgement
Monstrueux, et le brave est dompté comme un lâche.
Hâtez-vous ! écartez le taureau de la vache !
Ah ! Ah ! Le voile épais l’enserre de plis lourds ;
Elle frappe, il mugit, elle frappe toujours ;
La fureur de ses yeux jaillit comme une flamme,
L’odieuse femelle ! Et le mâle rend l’âme !


TALTHYBIOS.

Quel meurtre lamentable annonce-t-elle ainsi ?


KASANDRA.

Cher Dieu, pour y mourir, tu m’as traînée ici !


EURYBATÈS.

Maintenant, elle pleure et gémit sur soi-même.
Un Dieu, dis-tu ! Lequel ?


KASANDRA.

Un Dieu, dis-tu ! Lequel ? L’Archer divin qui m’aime !


TALTHYBIOS.

Il t’aime, et te poursuit de sa haine ! Comment ?


KASANDRA.

Ah ! j’ai trompé son âme et trahi le serment ;
Et c’est la source, hélas ! de mes longues tortures.