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LES ÉRINNYES.

Et jusques au tombeau toujours l’âpre chemin !
Qu’avons-nous fait, ô Zeus, pour cette destinée ?
Quel crime ai-je commis depuis que je suis née ?
Et mon cher Orestès, où donc est son forfait ?
Nos pères ont failli ; mais nous, qu’avons-nous fait ?
Si pour d’autres il faut que l’innocent pâtisse,
Qu’est-ce que ta puissance, ô Zeus, et ta justice ?


KALLIRHOÈ.

Fille d’Agamemnôn, toi qui parles ainsi,
Dans la sainte Ilios qu’avions-nous fait aussi,
Quand, sur les flots battus par l’aviron rapide,
La fatale Héléna suivit le Priamide ?
Hélas ! l’enfant, la mère, et le père et l’aïeul,
Tout un peuple a payé pour le crime d’un seul !


ÉLEKTRA.

Ô femmes, il est vrai, grandes sont vos misères.


ISMÈNA.

Exaucez nos désirs et nos larmes sincères :
Sur le seuil qui jadis nous fut hospitalier
Couvrez ces deux enfants de votre bouclier !


ÉLEKTRA.

Ah ! Puisque la Justice auguste est son partage,
Rendez à l’héritier son antique héritage,
Chers Dieux !