Page:Leconte de Lisle - Œuvres, Poèmes tragiques.djvu/38

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Il y aura, dans l’abîme du ciel, un grand Astre rouge nommé Sahil.
Le Rabbi Aben-Ezra.





Sur les Continents morts, les houles léthargiques
Où le dernier frisson d’un monde a palpité
S’enflent dans le silence et dans l’immensité ;
Et le rouge Sahil, du fond des nuits tragiques,
Seul flambe, et darde aux flots son œil ensanglanté.

Par l’espace sans fin des solitudes nues,
Ce gouffre inerte, sourd, vide, au néant pareil,
Sahil, témoin suprême, et lugubre soleil
Qui fait la mer plus morne et plus noires les nues,
Couve d’un œil sanglant l’universel sommeil.