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Page:Leconte de Lisle - Œuvres, Poèmes tragiques.djvu/93

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LE SACRE DE PARIS.


Nourrice des grands morts et des vivants célèbres,
        Vénérable aux siècles jaloux,
Est-ce toi qui gémis ainsi dans les ténèbres
        Et la face sur les genoux ?

Vois ! La horde au poil fauve assiège tes murailles !
        Vil troupeau de sang altéré,
De la sainte patrie ils mangent les entrailles,
        Ils bavent sur le sol sacré !

Tous les loups d’outre-Rhin ont mêlé leurs espèces :
        Vandale, Germain et Teuton,
Ils sont tous là, hurlant de leurs gueules épaisses
        Sous la lanière et le bâton.

Ils brûlent la forêt, rasent la citadelle,
        Changent les villes en charnier ;
Et l’essaim des corbeaux retourne à tire d’aile,
        Pour être venu le dernier.


III


Ô Paris, qu’attends-tu ? La famine ou la honte ?
        Furieuse et cheveux épars,
Sous l’aiguillon du sang qui dans ton cœur remonte
        Va ! Bondis hors de tes remparts !