Aller au contenu

Page:Leconte de Lisle - Derniers Poèmes, 1895.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
99
PREMIÈRE PARTIE.

IÔN.

                                             Non, jamais.
Dans les langes de lin où, dit-on, je dormais,
Ce temple m’a reçu comme un oiseau sans ailes,
Et le Dieu m’a nourri de ses mains immortelles.


KRÉOUSA.

Je sais une autre femme, hélas ! qui pleure aussi
L’enfant qu’elle a perdu jadis. Je viens ici,
Dans Pythô, demander pour elle… J’ose à peine,
Par pudeur, révéler…


IÔN.

                                         Parle ! J’écoute, ô Reine !


KRÉOUSA.

Cette femme, outrageant Pallas et la vertu
Des vierges, eut un fils d’Apollôn.


IÔN.

                                                           Que dis-tu ?
Une mortelle ! un Dieu !


KRÉOUSA.

                                           Certe, Apollôn lui-même !
Que pouvons-nous, hélas ! contre un Dieu qui nous aime ?