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Page:Leconte de Lisle - Derniers Poèmes, 1895.djvu/132

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L’APOLLONIDE.

LE VIEILLARD.

Par l’Immortel et l’homme à la fois outragée,
Reine, rassure-toi, car tu seras vengée.
L’âge a courbé ma tête et rompu ma vigueur,
Mais la neige des ans n’a point glacé mon cœur.
J’irai dans cette tente où le festin s’apprête,
Et là, d’une main sûre, et dévouant ma tête,
Parmi les coupes d’or, les danses et les chants,
J’abattrai sur son front la hache aux deux tranchants.


KRÉOUSA.

Ta main pourrait trembler. Non, point de violence,
Vieillard ! Usons plutôt de ruse et de silence.


LE VIEILLARD.

Femme, ton cœur faiblit !


KRÉOUSA.

                                           J’ai de plus sûrs moyens.
Écoute donc. Tu sais, par les récits anciens,
Que la grande Pallas, dans la temps de mes pères,
Tua Gorgô le Monstre aux cheveux de vipères ?


LE VIEILLARD.

Certes.


KRÉOUSA.

                   Vois cet anneau que Pallas a donné