Aller au contenu

Page:Leconte de Lisle - Derniers Poèmes, 1895.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
L’APOLLONIDE.

            Effleurer mon front endormi,
Salut ! N’espérez pas qu’un temps si cher renaisse.
            Ô compagnes de ma jeunesse,
            Vous ne verrez plus votre ami !

Une des colombes boit le vin répandu et tombe morte.

Dieux ! Voyez celle-ci, l’aile ouverte ! Qu’a-t-elle ?
Répondez ! Elle a bu cette liqueur mortelle
Et ne respire plus !

Il fait tomber la coupe. Tous se lèvent en tumulte.


PREMIER SACRIFICATEUR.

                                 Ô terreur ! Trahison
Détestable ! La coupe est pleine de poison !


IÔN.

Qui de vous a voulu me vouer à la tombe ?
Qui m’a versé ce vin dont meurt cette colombe ?
N’est-ce point toi, vieillard ?


DEUXIÈME SACRIFICATEUR.

                                                Malheureux, réponds !


TROISIÈME SACRIFICATEUR.

                                                                                        Oui !
Oui ! Nous l’avons tous vu. Saisissez-le, c’est lui !


LE VIEILLARD.

Il est vrai.