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Page:Leconte de Lisle - Derniers Poèmes, 1895.djvu/207

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DIXIÈME STATION


Jésus est dépouillé de ses vêtements.



Par les yeux de l’Esprit, dans les heures futures,
Lorsque le fils d’Amos contempla tes tortures,
Seigneur ! Il se pencha sur ton calice amer,
Et, comme pour mourir, il frémit dans sa chair ;
Et le sein haletant du transport prophétique,
Il montra, dans un triste et sublime cantique,
Au sommet du Calvaire où tu t’es arrêté,
Les bourreaux dépouillant ton corps ensanglanté,
Elargissant la plaie en feu qui t’enveloppe
Et l’offrant par mépris le fiel avec l’hysope !

Et ceux qui l’écoutaient raconter l’avenir,
Disaient : — Souffrira-t-il, Celui qui doit venir ?
Non ! il ceindra son flanc d’une robe de gloire,
Le lion de Juda rugira sa victoire,
Et courbé sous le joug à son cou destiné,
L’univers apprendra qu’un Vengeur nous est né !
Car la foule, ignorant le sens des Prophéties,
Sous la force et la pourpre abritait ses Messies.