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Page:Leconte de Lisle - Derniers Poèmes, 1895.djvu/216

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TREIZIÈME STATION


Jésus est détaché de la Croix et remis à sa Mère.



L’oblation divine est enfin consommée !
La plaie ouverte au flanc, la tête inanimée,
Le Rédempteur n’est plus, et le poids de son corps
Allonge sur la croix et roidit ses bras morts.
Mais le bourreau qui doit, de sa masse pesante,
Outrager jusqu’au bout la chair agonisante,
Et, pour finir plus tôt leur vie et leurs tourments,
Des blêmes condamnés briser les ossements,
A respecté Jésus, selon la prophétie.
Et Nicodème avec Joseph d’Arimathie,
Dans un pieux respect, du bois sanctifié,
Détachent lentement leur Dieu supplicié.
Ils remettent aux bras étendus de sa Mère
Ce cadavre immortel, relique trois fois chère.
Où le sang est tari d’avoir, par flots féconds,
Sans mesure arrosé de stériles sillons,
Fait germer le bon grain parmi l’ivraie impure
Et préparé le sol pour la moisson future ;