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Page:Leconte de Lisle - Derniers Poèmes, 1895.djvu/240

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une protestation ; car, en effet, l’ Éternel féminin dont Goethe a parlé, chassé du vieil Olympe avec tous les types artistiques qu’il entraînait à sa suite, Pénélope, Antigone et tant d’autres, y retrouve en elle sa place et s’y assied définitivement, grâce au merveilleux instinct des races gréco-latines.

Quant aux créations des poètes postérieurs, elles ne présentent pas ce caractère un et général qui renferme dans une individualité vivante l’expression complète d’une vertu ou d’une passion idéalisée. Et l’on pourrait dire, du reste, que le monde moderne ne réussit à concevoir des types féminins, qu’à la condition d’altérer leur essence même, soit en leur attribuant un caractère viril, comme à lady Macbeth ou à Julie, soit en les reléguant dans une sphère nébuleuse et fantastique, comme pour Béatrice.

Celle-ci n’est qu’une idée très vague, revêtue de formes insaisissables. Qu’elle soit une personnification de la théologie ou l’ombre de celle qu’a aimée Dante, nous ne l’avons jamais vue, et c’est à peine si nous l’entendons. Elle n’est le symbole spécial d’aucune des forces féminines ; et, certes, il n’en est pas ainsi de l’Hélène d’Homère, à la fois si vivante et si idéale. En second lieu, la satire politique et la controverse théologique, continuées au delà de ce monde, ne constituent pas une étude de l’homme. Aussi peut-on affirmer que l’homme est absent de la Divine Comédie, à laquelle devaient nécessairement manquer les formes précises et ordonnées, toujours dépendantes de la conception précises et de la langue. Or, ce cauchemar sublime ponte partout l’em-