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Page:Leconte de Lisle - Derniers Poèmes, 1895.djvu/40

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Tu faisais ma beauté, mon orgueil et ma joie,
Et je ne suis plus belle, et mon corps neigeux ploie
Comme un grand lys brisé par les vents de l’hiver !
Je suis Déesse, hélas ! Toi qui m’étais si cher,
Je ne te verrai plus ! Mes lèvres embaumées
Plus jamais ne joindront tes lèvres bien-aimées !
Mais, si du sombre Érèbe on ne peut revenir,
Je puis faire du moins, triste et doux souvonir,
Croître et s’épanouir, au sol où tu reposes,
Sous mes pleurs l’anémone et dans ton sang les roses ! —

Telle parla Kypris, et, grâce à son amour,
Tu renais et tu meurs et renais tour à tour,
Et tu rends chaque année, à la terre ravie,
L’azur du ciel, les fleurs, la lumière et la vie.

Sur la couche d’ivoire où nous te contemplons
Éveille-toi toujours, Éphèbe aux cheveux blonds !