Page:Leconte de Lisle - Eschyle (Lemerre, 1872).djvu/19

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enchaînement que le nouveau Prytane des Heureux a médité contre moi. Hélas, hélas ! Je me lamente sur mon mal présent et futur. Quand viendra-t-il le terme fatal de mes misères ? Qu’ai-je dit ? Je prévois sûrement les choses qui seront. Il n’est point pour moi de calamité inattendue. Il convient de subir aisément la destinée qui m’est faite, sachant que la puissance de la nécessité est invincible. Mais je ne puis ni parler, ni me taire en cet état. J’ai augmenté le bien des mortels, et me voici, malheureux, lié à ces tourments ! Dans une férule creuse j’ai emporté la source cachée du Feu, maître de tous les arts, le plus grand bien qui soit pour les Vivants. C’est pour ce crime que je souffre, attaché en plein air par ces chaînes !

Ah ! ah ! ah ! Quel est ce bruit ? Quelle est cette vague odeur qui se répand jusqu’à moi ? Est-ce un Dieu, un Vivant, un Être intermédiaire ? Vient-il sur cette hauteur contempler mes misères ? Que veut-il ? Regardez le Dieu enchaîné, outragé, l’ennemi de Zeus, en horreur à tous les autres Dieux qui hantent la royale demeure de Zeus, à cause de son trop grand amour pour les Vivants. Hélas, hélas ! J’entends de nouveau le bruit de ces oiseaux qui approchent. L’Aithèr vibre sous les battements légers des ailes. Tout ce qui vient à moi m’épouvante !




le chœur des okéanides
Strophe I.

Ne crains rien. Cette troupe d’ailes est ton amie qui vient en hâte vers cette roche, malgré la volonté pater-