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Page:Leconte de Lisle - Eschyle (Lemerre, 1872).djvu/240

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Le Chœur des Khoèphores.

Comment aurait-il osé venir ici ?

Èlektra.

Il a envoyé cette tresse, l’ayant coupée en honneur de son père.

Le Chœur des Khoèphores.

Ce que tu me dis ne me cause pas moins de larmes, s’il ne doit jamais toucher du pied cette terre.

Èlektra.

Moi aussi, un grand trouble a envahi mon cœur, et je suis heurtée d’un flot d’amertume comme d’un trait lancé ! De mes yeux coulent d’intarissables larmes brûlantes, telles qu’un torrent, quand je regarde cette tresse ! En effet, je ne puis croire qu’elle appartienne à quelque autre citoyen. Certes, elle ne l’a point coupée sur sa tête, la meurtrière, ma mère, bien qu’elle ne mérite point ce nom, par sa haine impie contre ses enfants. Mais comment saurai-je sûrement si cet ornement vient d’Orestès qui m’est le plus cher des hommes ? Je me flatte de cette espérance. Hélas ! plût aux Dieux que ces cheveux eussent une voix favorable, ainsi qu’un messager ! Je ne serais pas agitée de pensées contraires, et je saurais clairement quelle est cette tresse, la repoussant si elle a été coupée sur une tête ennemie, ou, si elle vient de mon frère, la vouant, dans notre douleur commune, au tombeau paternel, comme un ornement et un