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Page:Leconte de Lisle - Poëmes et Poésies, 1855.djvu/16

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II

qu’en haine de mon temps je me plaisais à repeupler de fantômes les nécropoles du passé, et que dans mon amour exclusif de la poésie grecque, j’en étais arrivé à nier tout l’art postérieur. Qu’il me soit permis de répondre brièvement à ces graves reproches.

Ranimer les ossuaires est un prodige qui ne s’était point représenté depuis Ézéchiel. Je ne me suis jamais illusionné sur la valeur de mes poëmes archaïques au point de leur attribuer cette puissance, aussi ne me reste-t-il qu’à remercier ceux qui la leur ont accordée. Plût aux dieux, en effet, que je me fusse retiré au fond des antres de Samothrace ou des sanctuaires de l’Inde, comme on l’a prétendu, en affirmant que nul ne me suivrait dans mon temple ou dans ma pagode. J’ai peu le goût du prosélytisme, et la solitude ne m’effraie pas ;