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Page:Leconte de Lisle - Poëmes et Poésies, 1855.djvu/75

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Puissent les dieux qui t’ont donné la foi suprême
T’accueillir en leur sein ! Vois, je suis jeune et j’aime !

Telle Çanta, le front prosterné, sanglotait.
Et l’Ascète, les yeux dans l’espace, écoutait :

—J’entends chanter l’oiseau de mes jeûnes années,
Dit-il, et l’épaisseur des forêts fortunées
Murmure comme aux jours où j’étais homme encor.
Ai-je dormi cent ans, gardant tel qu’un trésor
Le souvenir vivant des passions humaines ?
D’où vient que tout mon corps frémit, et que mes veines
Sentent brûler un sang glacé par tant d’hivers ?
Mais assez, Mâyâ, source de l’univers !