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Page:Leconte de Lisle - Premières Poésies et Lettres intimes, 1902.djvu/20

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à vingt ans

esprits. Ceux qui ont lu Maurice de Guérin — et quel lettré l’ignore ? — savent quelle tendresse l’unit à Hippolyte de la Morvonnais ; ils se plaisent à relire les confidences qu’échangeaient le poète du Centaure et le poète de la Thébaïde des Grèves. D’autres, les mêmes plutôt, ont savouré naguère les lettres de Montalembert et de Cornudet, et furent en joie, cet été, quand ils virent, aux étalages des libraires, la Correspondance de Taine avec Prévost-Paradol et ses autres camarades de l’École normale.

Comme ceux-là, Charles Leconte de Lisle et Julien Rouffet, à vingt ans, étaient sans secret l’un pour l’autre. Ils se communiquaient leurs enthousiasmes et leurs espoirs ; ils partageaient les tristesses de leurs déceptions ; ils s’excitaient mutuellement aux nobles passions qui font l’unique beauté de la vie. Fraternité d’aspirations et d’idées, épanchements de cœurs trop pleins où