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Page:Leconte de Lisle - Premières Poésies et Lettres intimes, 1902.djvu/59

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premières poésies

Si j’ai retardé d’un jour, mon Ami, l’envoi de la lettre que je vous avais promise, ne croyez pas que ma négligence en soit la cause. Je n’ai fait ainsi qu’afin de vous envoyer ce sonnet et de ne pas rester muet, quand vous avez l’amitié de me confier vos poésies.

Que dites-vous de mon œuvre ?… C’est bien vague, n’est-ce pas ? Je le sais ; mais cette première méditation de l’âme, cette impression généralement éprouvée en face du spectacle imposant qu’offrent le silence et les beautés de la nuit, impression décrite tant de fois et sous tant de formes, n’a jamais été renfermée, comme pensée, dans les quatorze vers d’un sonnet. Les idées ont été et sont unes, il ne reste à changer que l’expression, et c’est là que doit tendre l’effort du poète, en tout et pour tout. Maintenant, le plus ou moins d’études pose l’inégalité, en cela comme en toute autre chose. J’ai cru exprimer cette pensée du soir d’une manière, sinon nouvelle, du moins autre que ceux qui l’ont traitée. Vous en déciderez avec toute la franchise que j’attends de vous.