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Page:Leconte de Lisle - Premières Poésies et Lettres intimes, 1902.djvu/84

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et lettres intimes


XI


Rennes, novembre 1838.


Je me suis enfin décidé à lire Jocelyn, mon cher Ami ; je vous avoue que ce n’a pas été sans peine. Je savais M. de Lamartine très capable, sans nul doute, de rendre avec vérité une existence aussi remplie de poésie par elle-même ; mais je me doutais aussi qu’il sacrifierait souvent la douce et gracieuse peinture que comportait un tel sujet au vague prétentieux qui abonde dans ses plus beaux ouvrages. Il y a des morceaux charmants dans Jocelyn des pages magnifiques de haute poésie. La peinture de la nuit, à la Grotte aux Aigles est vraiment sublime ; et l’on rencontre à chaque instant des pièces exquises de sentiment et d’intimes douleurs ; mais aussi, mon Ami, vous avouerez qu’il y a bien des longueurs qui affa-