Aller au contenu

Page:Legouvé - Le Mérite des femmes, 1838.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Et, chassant de tes jours les plus légers nuages,
Te donnait un bonheur pur comme tes ouvrages.
Tels sont d’un sexe aimé les différents bienfaits.

Mais, s’il mène aux plaisirs, il invite aux succès.
Notre gloire est souvent l’ouvrage d’un sourire.
Quel homme, pour charmer la beauté qui l’inspire
Se livrant aux travaux qu’un regard doit payer,
S’il possède un talent, ne souhaite un laurier ?
Ce désir est surtout l’aiguillon du poète.
Sitôt que l’amour parle à son âme inquiète,
Dévorant nuit et jour les écrivains fameux,
Il ne respire plus qu’il ne soit grand comme eux.
Dans ce cirque imposant où règne Melpomène,
Il soumet un ouvrage aux juges qu’elle amène :
Quelle chaleur, quel choc de sentiments divers !
Le feu qui le consume a passé dans ses vers.
Dans les scènes, surtout, où l’action pressante
Peint les feux d’un amant, les douleurs d’une amante,
Chaque vers est empreint de ce style enflammé
Que cherchent vainement ceux qui n’ont point aimé.
Du trouble le plus doux il fait goûter les charmes ;
On l’applaudit du cœur, de la voix et des larmes ;
Il triomphe, et s’écrie en son transport brûlant :
O femmes ! c’est à vous que je dois mon talent.
Ce jeune homme rampait dans un repos vulgaire ;