Page:Legouvé - Le Mérite des femmes, 1838.djvu/60

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N’a-t-il pas, s’alliant à notre essor nouveau,
De notre république embelli le berceau ?
Sans ce doux aiguillon nous fûmes indomptables,
Mais serions-nous moins grands si nous restions aimables ?
Dignes de notre nom, soyons toujours Français.
Je veux voir, dans l’éclat de nos divers succès,
Des vierges, ornements de nos fêtes publiques,
Présenter aux guerriers les palmes héroïques.
C’est ainsi que les Grecs, modèles des humains,
Couronnaient un vainqueur par les plus belles mains,
Et, donnant cet attrait aux faveurs de la gloire,
De plus nombreux exploits remplissaient leur histoire.
Rappelons ces honneurs tels qu’ils les ont connus :
Il faut que Mars toujours soit l’amant de Vénus,
Et que par leur accord notre vaillante audace,
Offre un brillant mélange et de force et de grâce.
Qui mieux que la beauté peut armer la valeur ?
Elle-même de Mars sent la noble chaleur.
N’a-t-on pas vu jadis une femme grand homme
S’opposer dans Palmyre aux ravages de Rome ?
Une autre, vers l’Euphrate enchaîné sous sa loi,
Combattre en conquérant et gouverner en roi ?
Que dis-je ? Le laurier n’appartient-il qu’aux reines ?
Non ; mille autres encor, sans être souveraines,
Osèrent dans un camp, généraux ou soldats,
Presser d’un dur airain leurs membres délicats,