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Page:Lemonnier - Adam et Ève, 1899.pdf/17

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II


Quelle ironie ! J’étais venu dans la forêt pour y vivre solitaire et libre comme un homme des âges jeunes de la terre et à présent ma joie s’en était allée par le brouillard bleu, sur les pas d’une enfant inconnue. Les peti­tes fraises des bois me parfumaient encore les doigts : je croyais sucer à ses lèvres un arôme vineux. Je remontai vers la maison ; je dérouil­lai les contrevents ; toute l’odeur de la forêt entra sous les plafonds moisis. Je faisais là une chose dont à peine je me rendais compte, je n’aurais pas agi autrement si j’avais été