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Page:Lemonnier - Adam et Ève, 1899.pdf/170

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de la jeune folie de l’été. Un homme et une femme alors échangent les promesses divines. Ils cueillent des roses et l’hiver effeuille la dernière qui leur reste aux doigts. Humanité ! toi seule, au cœur des neiges éternelles, fais fleurir d’ardentes roses de sang qui ne s’effeuillent jamais !

La vie et la lumière, tout manqua. Mon amour régna sans chaleur. Les outils me tombèrent des mains, je désertai l’établi. Dans la chambre, le petit berceau apparut vide de toute la mort des jours. Nous fûmes comme les peuples sombres au fond de la triste nuit des pôles. D’anciens hommes venus du Nord alors marchaient devant eux, les yeux tournés vers le jeune Orient, et ils imaginaient des fables où comme un petit enfant divin, ressuscitait la joie. L’arche lumineuse, au souffle léger des allégories, se remettait à voguer dans l’harmonie et la confiance. Des pâtres sur la flûte chantaient de naïfs noëls. Moi aussi à présent, sous les ciels éclipsés, comme les antiques hommes j’aspirais aux mythes naïfs. Je dis à Ève : « Toi la plus faible, je