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Page:Lemonnier - Adam et Ève, 1899.pdf/228

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L’ancêtre sourit. « Ces peuples aussi connaissaient l’art des images innocentes. Personne ne les leur enseigna, ils les avaient dans le cœur. Peut-être ce sont là des choses profondes et éternelles en nous comme des symboles. » Il évida en rond une racine, l’emmancha, y coula de menus cailloux ; leur tintement creux sonnait comme les pépins dans une courge sèche. Et ensuite il donna l’objet à Héli. Déjà l’enfant avait reconnu le hochet et l’agitait comme un sceptre.

Ce fut le temps où mûrit la sorbe : le bois rougit de beaux fruits sauvages. Alors le vieillard nous apprit les vulnéraires et les baumes. Il connaissait la thériaque et le secret des simples. Nous eûmes en abondance, selon ses conseils, la sauge, la camomille, le plantain, l’hyèble, le chèvrefeuille, la valériane, la centaurée, la menthe et la mélisse. Comme j’admirais son savoir universel, il me répondit : « Tu en sais bien plus que moi, toi qui crois ne rien savoir ; et toute science est vaine qui n’est pas la vie. L’amour, qui te fit artisan, t’eût fait médecin sans moi. Cependant