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Page:Lemonnier - Adam et Ève, 1899.pdf/231

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toi ont un nom. Leur immensité me remplit d’épouvante et m’exalte. Je ne connaissais encore que Mars, Vénus, Mercure et Jupiter et Saturne. Il me répondit : « Oublie plutôt les noms qu’ils portent pour ne te rappeler que d’un seul qu’ils portent tous ensemble. Ils sont l’univers éternel et sensible, divinement mêlé à tes heures. Et le ciel et la terre et le jour et la nuit et les étoiles te furent proposés comme un faste pour te rendre délicieuse la vie et non comme un calcul qui en atteste l’infinie et fragile misère. Tout le reste n’est que science vaine. Le pâtre qui pousse ses moutons à travers la lande sous le givre léger de la dernière étoile et lui donne dans son cœur simple le nom d’Étoile du berger, en sait plus que tous les autres hommes. Celui-là étudie le ciel pour en tirer des préceptes et des présages. Il modèle la constance et l’harmonie de sa vie sur les saisons. Il n’ignore pas que des signes immuables président aux bienfaits et aux calamités. En les connaissant, il apprend à les utiliser ou à s’en défendre. Et d’un ciel aux nuées hautes ou